Interview
de Jean V. SIRAPIAN
directeur des éditions Sigest
et
président-fondateur de l’Institut Tchobanian
Par
Jean Dorian pour la revue « Europe&Orient »
Paris,
le 8 septembre 2016
A
l’occasion de la sortie du livre « Sauveurs et Combattants »
écrit par le professeur Yaïr Auron, historien, spécialiste des
génocides nous avons rencontré Jean Sirapian.
JD:
Comment est née l’idée de publier ce livre ?
JVS :
Lors de ma rencontre avec M. Auron à Erevan, j’ai appris qu’il
avait publié en hébreu « Sauveurs et combattants », un
ouvrage sur les liens entre les parents de Charles Aznavour et le
Groupe Manouchian. Sans hésiter j’ai décidé de publier ce livre
en français. Cet ouvrage nous fait découvrir un aspect complètement
inconnu de la famille de Charles Aznavour : le sauvetage des
juifs et autres étrangers sous l’Occupation nazie à Paris. Il est
illustré, entre autres, par des documents personnels de la famille
Aznavour.
JD :
Pourquoi est-ce important de publier de ce livre « Sauveurs et
Combattants » ?
JVS :
Le thème developpé dans « Sauveurs et combattants »
entre dans la ligne éditoriale de la transmission des mémoires de
l’Institut Tchobanian. C’est aussi très important pour Yaïr
Auron pour qui les relations arméno-juive comptent beaucoup. Ensuite
comment refuser un manuscrit qui parle à la fois de la famille de
Charles Aznavour et du Groupe Manouchian. Deux points de repère dans
la mémoire collective arménienne.
JD :
Quel est le lien entre le père de Charles Aznavour, Archag
Tchobanian et Missak Manouchian ?
JVS :
En 1939 la rencontre entre Tchobanian, Manouchian et Aznavour est un
clin d’oeil à l’histoire. Quand nous avions publié notre
premier livre, « Archag Tchobanian et le mouvement arménophile
en France », une photo a attiré mon attention. Il s’agit
d’une photo de groupe, prise à Paris. On y découvre une
soixantaine d’artistes et d’écrivains arméniens réunis autour
d’Archag Tchobanian. On y distingue le père de Charles, dont le
prénom est Mischa, avec son tar (instrument de musique à
corde qui ne le quittait jamais) et Missak Manouchian (qui était
aussi un poète) autour d’Archag Tchobanian, « l’ambassadeur
des lettres arméniennes en France ».
JD:
Vous publiez ce livre en parallèle avec les nombreux ouvrages déjà
publiés par Sigest !
JVS :
Vous avez raison de le souligner. L’ouvrage « Sauveurs et
Combattants » est le 106e livre de notre catalogue
lancé en 2005. Cela fait en moyen dix publications par an, ce qui
n’est pas négligeable pour une petite maison d’édition comme la
nôtre.
JD :
Vous allez présenter le livre dans les jours qui viennent à Paris,
Lyon (Décines) et Nice, en présence de l’auteur.
JVS :
Oui, l’Institut Tchobanian a invité le professeur Yaïr Auron en
France. Vu l’intérêt qui suscite son livre, je pense qu’il y
aura d’autres occasions pour l’inviter très souvent.
JD
: Et quid des autres livres dont vous parliez ?
JVS :
Cette rencontre à Erevan était très fructueuse puisqu’elle a
permis aussi de signer la publication de deux livres de Yaïr Auron
sur le génocide des Arméniens : « The Banality of
Indifference » et « The Banality of Denial ». Nous
publierons la traduction en français de ces deux livres avant le 24
avril 2017, date anniversaire du génocide de 1915.