mardi 14 février 2012

Quatorze Février

Quatorze Février, l’assassinat du « Monsieur Liban »

Roger AKL
14.02.2012


Non, ce n’est pas de la Saint Valentin et de la fête des amoureux (car« À la saint Valentin, les oiseaux commencent à roucouler »), ni même des saints Cyrille et Méthode, patrons de l’Europe, que je vais parler, mais de la commémoration de l’assassinat du Premier Ministre Rafic Hariri, « Monsieur Liban », comme il fut appelé, car il a dirigé le changement de la constitution libanaise à Taëf, en Arabie saoudite. Il l’a si bien amendée, cette constitution, qu’il délesta le Président maronite de la République libanaise de tous ses pouvoirs (oh, bien maigres car les mêmes que ceux du Président de la IIIème République française), pour se les donner comme Premier Ministre sunnite qu’il devait devenir en 1992.

Ce qui m’a fait penser à écrire cette lettre, sur ce sujet, c’est la nouvelle que le roi très théocratique d’Arabe saoudite aurait décidé de sauver l’entreprise, Saudi Oger, héritage de l’ex Premier Ministre Saad Hariri, aussi héritier politique de son père et de son poste de Premier Ministre. On pourrait dire qu’il s’est révélé aussi mauvais entrepreneur que mauvais politique, à tel point que son parti perdit la direction du pays, tandis que les nouvelles de ses difficultés financières et celles de ses sociétés faisaient les ragots des hommes politiques et des ménagères. Mais cela ne suffisait pas, car le p’tit Saad (c’est ainsi qu’on l’appelle chez nous) possède comme son père l’appui du monde occidental et dirige un parti dont les chefs sont accusés, avec beaucoup de raison, d’appuyer, de financer, et d’armer la sédition en Syrie. Comme par hasard, c’est ce que font aussi le Qatar et l’Arabie saoudite, tandis que l’Armée libanaise peine à arrêter l’afflux des armes et des combattants, traversant surtout la frontière Nord du Liban, pour alimenter la révolte en Syrie, surtout dans les villes voisines de notre frontière : Homs, Tel Kalakh, Idlib et Zabadani.

Juste dernièrement, tombe la nouvelle que le roi très théocratique d’Arabie saoudite aurait donné à Monsieur Hariri deux milliards de dollars pour « renflouer » ses entreprises (tayyar.org du 13 février). Que la nouvelle soit juste ou fausse, il est sûr que Saad Hariri, comme son père et comme d’autres hommes politiques, ayant des entreprises en ou faisant affaires avec l’Arabie saoudite, il est sûr donc que ces hommes n’ont pas intérêt à contrecarrer la politique saoudienne. Comment donc en faire des Premiers Ministres qui dirigent le Liban, non seulement avec des pouvoirs dictatoriaux, mais encore en les outrepassant ?

Ne serait-ce pas le fait qu’on attendait de Rafic Hariri, un homme qui est devenu riche à milliards, « grâce aux faveurs du roi », beaucoup plus qu’il n’a pu ou voulu fournir que ce dernier aurait été assassiné ? Ne serait-ce pas pour cela aussi que Hariri fils passe son temps à changer d’avis sur les assassins de son père suivant les changements de la politique internationale, arabe et surtout saoudienne ?

Ne serait-ce pas pour cela aussi que le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) continue à être alimenté par les dettes de l’Etat libanais, dettes que le « martyr » Hariri père a réussi à faire atteindre plus de soixante milliards de dollars avec les intérêts ? Ces dettes nous forcent aujourd’hui à accepter de dépenser sur un TSL qui ne nous fait que du mal, car mené, non par la justice, mais par ceux qui contrôlent l’ONU et la politique internationale.

Le TSL est arrivé à la fin des trois premières années de son mandat, après avoir réussi à jeter en prison des généraux et autres innocents libanais durant plus de trois ans, sur la foi de faux-témoins qu’il protège des poursuites légales de ces malheureux. Il a réussi à accuser à tort et à travers, la Syrie puis le Hezbollah, puis de nouveau la Syrie, puis l’Iran, suivant l’humeur de ceux qui le manipulent. L’Etat libanais va avoir à décider de la prorogation de son mandat pour trois ans.

Je suis sûr que la majorité des ministres voteront contre cette prorogation, mais que fera le nouveau Premier Ministre ? Lui aussi est un milliardaire qui a des intérêts en Arabie saoudite et dans les pays d’Occident. La constitution le force à accepter la décision du Conseil des ministres. Mais ce n’est pas la première fois que cette constitution est traitée comme un chiffon de papier. N’oublions pas que le TSL a été créé suivant un contrat non constitutionnel, car sans l’accord du Président de la République de ce temps-là. Que fera donc Monsieur Mikati ? Que fera le Président de la République à qui il reste encore la charge de garantir la constitutionalité des lois et des engagements internationaux ? Que feront les ministres ?

Il ne faut pas oublier que le Liban subit le chantage de la dette que le « martyr » Rafic Hariri lui a faite faire. Aurait-il été assassiné parce qu’il a eu des regrets ? Chut, personne n’ose poser cette question, pas même le TSL qui enquête sur sa mort.

lundi 13 février 2012

Dans l'attente constitutionnelle

Affaire en instance


Grâce à plus de deux fois soixante,
nous sommes devenus une affaire en instance
comme si devoir passer
par l'Assemblée et le Sénat
ne suffisait pas pour se justifier
il fallait encore prouver
la constitutionnalité de la loi
au nom de tous les génocides
reconnus par la France,
aussi nous sommes dans l'expectative
de ce nouveau jugement.


Questions au Conseil

Claire, peux-tu souffrir pour les autres ?
Guy, connais-tu les affres des victimes ?
Hubert, as-tu appris l'angoisse des survivants ?
Jacqueline, as-tu vu des hommes décapités ?
Jacques, sais-tu reconnaître la barbarie ?
Jacques, oseras-tu défendre les opprimés ?
Jean-Louis, crains-tu les menaces ?
Michel, es-tu un combattant de la paix ?
Pierre, choisiras-tu la justice ?
Renaud, bouteras-tu les barbares ?
Valéry, appartiendras-tu aux Justes ?



Dans l'attente constitutionnelle


Nous sommes seuls
dans l'attente constitutionnelle
comme s'il s'agissait
d'une nouvelle condamnation
non pas de l'histoire
mais de la justice
alors que c'est notre droit
d'exister et de revendiquer
la mémoire des nôtres
sans cela nous sommes aussi complices
de barbarie inhumaine.


 


Nikos Lygeros
13.02.2012

dimanche 5 février 2012

La réalité de la caricature

La réalité de la caricature

N. Lygeros
05.02.2012



Lorsque nous examinons de près le discours de certaines personnes, que ce soient des journalistes, des parlementaires et même des sénateurs, nous nous rendons compte que leurs mots sont génériques et qu'ils ne concernent pas spécifiquement la Turquie et son gouvernement comme ils le prétendent. Nous les entendons dire que la Turquie est un grand pays, un pays puissant mais même si cela était vrai - l'opinion des stratégistes est quelque peu différente - cela justifie-t-il le fait qu'il s'agit d'un état de la négation du génocide. Car cela, ils oublient de le mentionner tous ces braves gens aussi sympathiques que Chamberlain. 

La Turquie se fonde sur un négationnisme d’état. Aussi, si comparaison il y a entre la Turquie et d'autres pays, afin que ce soit plus clair pour tout le monde, il faudrait compléter leur propos en disant que la Turquie est un grand pays comme l'Italie fasciste et la Turquie est un pays puissant comme l'Allemagne nazie. Il ne faudrait pas oublier de caractériser le père de la Turquie en mentionnant le fait que Kemal était un dictateur aussi charismatique que Mussolini et Hitler. Nous pouvons même ajouter, en meilleur, puisque Kemal demeure une idole en Turquie mais ce serait fallacieux car c'est la Turquie qui demeure kémaliste dans son armée, même si peu à peu, grâce à son islamisme modéré comme disent certains spécialistes, elle tend vers le dogme néo-ottoman afin de retrouver la splendeur de son empire d’antan. En France, certains promoteurs de la Turquie ne voient en elle qu'un parc économique en plein développement mais cela prouve seulement qu’ils ne sont pas allés dans ce pays là où règne une pauvreté insupportable.

L'autre chose qui soit vraie dans leurs propos, c'est la réalité de la caricature de la Turquie. Et la seule chose qui soit importante, c'est la réalité du génocide des Arméniens. Aussi certains d'entre nous, ne devraient pas se contenter d'aller dans le sens de la propagande, ni même les petits profits. Ils devraient voir plus grand et avoir des arguments plus puissants, car la France n'est pas seulement le pays des pastilles Vichy. La France c'est aussi et avant tout le pays d'hommes comme Jean Jaurès, aussi n'oublions pas ses dires au sujet du cadavre dans la cave, mais aussi de Jean Moulin, aussi n'oublions pas son courage dans l'organisation de la résistance à l'encontre des nazis. 
La France est aussi le pays de Charles-de-Gaulle, aussi n'oublions pas ses capacités militaires et sa détermination à ne pas se rendre au moment où les Français croyaient tout perdu. Peu importe de quel bord étaient ces hommes, l'important c'est qu'ils avaient de la grandeur face à l'Histoire. Aussi évitons le misérabilisme malsain et la mollesse démocratique qui caractérisent les partenaires d'un pays de la négation car les hommes mentionnés les auraient qualifiés de collaborateurs sans l'ombre d'un doute. 

Au-delà de la caricature, nous devons prendre conscience de la réalité de la Turquie. Ses fondements ce sont les squelettes des victimes du génocide. Tant qu'elle ne reconnaîtra pas son crime, elle ne pourra aller de l'avant. Aller dans le sens de l'État turc n'aide aucunement les Turcs qui luttent depuis des années pour vivre libres de s'exprimer et oser dire à tous l'existence du génocide.

samedi 4 février 2012

De la cause arménienne au droit français

De la cause arménienne au droit français

Nikos LYGEROS




Aucun Arménien, défenseur des droits de l'Homme, n'a de leçon à recevoir de quiconque, lorsqu'il lutte pour la cause. Cela fait des dizaines d'années que bien des responsables lui disent de se taire et l'empêchent d'agir sous prétexte de sauvegarder des relations internationales basées sur une diplomatie hypocrite qui ne se gène pas pour bafouer les droits les plus élémentaires des hommes.

Nous vivons dans le pays de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Si nous ne le pensons pas alors il faut plier bagage. Si nous le pensons alors il faut agir comme il se doit pour que ces notions restent les fondements de notre civisme.

La problématique de la pénalisation de la négation des génocides reconnus par la France va dans ce sens. Si notre pays a reconnu un génocide alors nous devons tous respecter cette décision qui va bien au delà de l'individu car celui-ci est incapable de réaliser cette action à l'échelle nationale. Nous nous devons de prendre conscience que les négationnistes de tout bord se moquent bien des victimes, des survivants, des justes mais aussi de la France elle-même car ils savent bien que celle-ci a reconnu les génocides mentionnés.

Pour tous ceux qui pensent que la proposition de loi actuelle qui est en train d'être examinée par le Conseil Constitutionnel de la France n'est qu'un problème intercommunautaire, nous ne pouvons dire qu'une seule chose: ils se trompent lourdement. L'appareil de propagande turc qui se fonde sur un négationnisme d'état ne bafoue pas seulement l'histoire du peuple arménien mais aussi le droit français. Le régime turc a peur de l'effet domino au sein de l'Union Européenne.

Il sait bien que la Suisse pénalise la négation du génocide mais elle n'appartient pas à l'Union Européenne. Il sait aussi que la Slovaquie pénalise elle-aussi la négation mais il ne la craint pas car elle fait partie des nouveaux états membres de l'Union Européenne. Ce qu'il craint par dessus tout, c'est justement un pays comme la France qui en raison de son rôle moteur au sein de l'Union Européenne peut servir d'exemple à d'autres pays. Voilà ce qui explique l'acharnement et les menaces de la Turquie à l'encontre de la France.

Ceux qui persistent à penser qu'elle n'en veut qu'aux Arméniens, se trouvent piégés dans une erreur stratégique. Ils ont l'impression que tout ce qui se passe à l'Assemblée Nationale, au Sénat et maintenant au Conseil Constitutionnel, n'est qu'un simple jeu tactique dans le cadre des élections. En réalité, la Turquie n'a que faire des élections, surtout si la loi passe. En effet, pour la Turquie, il s'agit d'un combat entre un régime autoritaire et une démocratie molle. Peu importe le président, la Turquie ne voit en la France que la mollesse démocratique et elle voit avec amusement les tergiversations juridiques de certains spécialistes. Ce qui importe pour elle, c'est que la loi ne passe pas, un point c'est tout. Et pour obtenir ce résultat, tous les moyens sont bons: pressions, menaces, influences, pots de vin. Lorsque nous réaliserons cela alors nous comprendrons le véritable enjeu. Elle veut profiter des frictions internes du système politique français, des luttes intestines, des guerres partisanes pour imposer sa vision de l'histoire. Seulement, il existe des hommes, des combattants des droits de l'Homme qui continueront leur devoir à l'encontre des crimes contre l'humanité. Et la France a son mot à dire !

04.02.2012


jeudi 2 février 2012

La troisième guerre mondiale.

La troisième guerre mondiale est déjà commencée.

Roger AKL*
01.02.2012 




Introduction : Questions et contradictions.

L’extrémisme musulman et Al Qaeda sont-ils les ennemis de l’Occident ? Qui a créé Al Qaeda? Comment se fait-il que l’Arabie saoudite principale alliée musulmane de l’Occident ait financé Al Qaeda, les Taliban et toutes les madrasas et mosquées extrémistes dans les mondes arabe, musul­man, asiatique, africain et occidental ? Comment se fait-il qu’Al Qaeda soit ennemie des Etats-Unis et de l’Iran, ennemi des Etats-Unis, l’ennemi de mes ennemis ne serait-il plus mon ami ?

Comment se fait-il que c’est à la Turquie islamo-fasciste, qui a complètement éliminé ses chrétiens, par génocides, massacres et oppressions, qui a nié avoir jamais commis des génocides dans ses an­ciennes colonies, qui n’a jamais appliqué les droits de l’homme chez elle, comment se fait-il qu’on lui confie le soin de défendre les droits de l’homme dans les pays avoisinants ? Comment se fait-il que l’on confie la même mission aux Etats les plus dictatoriaux, théocratiques et extrémistes musul­mans du monde arabe, je nomme l’Arabie saoudite, le Qatar et autres émirats du Golfe ?

Comment se fait-il que l’Occident ait fait massacrer des dizaines de milliers de civils en Libye pour remplacer le dictateur Libyen par des islamistes intégristes qui ont fait partie d’Al Qaeda et autres sectes islamiques intégristes, supposées être ennemies de ce même Occident ? Comment se fait-il que l’Occident soi-disant ennemi des extrémistes musulmans veut-il renverser le gouvernement laïc syrien pour le remplacer par ces mêmes intégristes ? Si les extrémistes islamiques sunnites sont les alliés de l’Occident dans les pays arabes, pourquoi cette campagne internet, contre l’Islam européen et tout islam, confondu avec ces mêmes intégristes ? Quelles sont les relations de l’occident avec les nouveaux gouvernements islamistes intégristes de Libye, d’Egypte et de Tunisie, arrives au pouvoir grâce, entre autres, à l’appui et aux finances des amis saoudiens et du Qatar ?

Nous allons donc, dans un premier temps, faire un petit historique pour ensuite essayer d’en déduire ce qu’on nous prépare dans l’avenir.

1 – Le déclencheur Liban.

En 1974, au moment où mon pays était une sorte de paradis terrestre et que la guerre civile battait son plein à Chypre, en préparation de l’occupation turque, les juifs, citoyens libanais, à part entière, commencèrent à vendre leurs biens pour quitter le pays en toute hâte. Un ami arménien américain nous faisait alors cette prophétie :

« Bientôt ce sera le tour du Liban, à cause de ses 18 confessions, car ne pouvant pas battre l’Union soviétique de l’extérieur, à cause de l’équilibre de la terreur, il fallait la faire imploser de l’intérieur sous l’effet des guerres de religions sur ses républiques musulmanes ».

En 1975, je fus envoyé comme Assistant de l’Attaché Libanais des Forces Armées à Washington DC, aux Etats-Unis, que je croyais être nos alliés contre les Palestiniens révoltés ; je fus étonné de voir que ce pays ami était l’allié de tous les belligérants libanais ou palestiniens, quelles que soient leurs religions ou confessions. Ils fournissaient les armes à qui pouvaient les payer, mais pas à l’ar­mée libanaise dont la mission était de séparer les belligérants. Le Liban était l’appât.

Une des conséquences de ces guerres libanaises fut le renversement du Shah d’Iran, car un bataillon iranien faisait partie des casques bleus à la frontière avec Israël et ses soldats étaient témoins des souffrances de la population chiite de la région par les mains des alliés israéliens de leur shah. Conséquence voulue par les Américains ? C’est ce dont le Shah a accusé ses anciens bienfaiteurs dans ses mémoires. La suite montrera que cela était consistant avec la stratégie américaine d’excita­tion des fanatismes religieux.

· Entretemps, le Liban fut divisé en zones d’occupations par ses voisins syrien et israélien avec bénédiction américaine. Puis ce fut le débarquement des troupes multinationales supposées y rame­ner l’autorité de l’Etat, mais étonnamment le cuirassé New Jersey tirait sur les révoltés des obus inertes, tandis que les avions français tuaient deux chèvres « séditieuses » (islamistes ?) dans une ferme de la Bekaa (1982-83). Finalement après moult pérégrinations et souffrances du peuple liba­nais, la constitution de ce pays fut amendée pour donner tous pouvoirs au Premier Ministre sunnite qui devait être un sujet du roi très islamique saoudien, un homme d’affaires féru en moyens pour mettre en faillite l’Etat libanais et l’endetter de plus de soixante milliards de dollars, méthode améri­caine nouvelle pour faire obéir les pays récalcitrants. Son assassinat permit de mettre le malheureux Liban sous tutelle des Nations Unies et assujetti aux foudres et juges d’un tribunal international spé­cial et injuste dont il doit toujours payer la moitié des dépenses. Cela ne suffit pas. Cet homme fut transformé en martyr sunnite pour rendre sacrilège toute critique de sa gestion des finances de l’Etat et provoquer un fanatisme sunnite préparatoire à une guerre confessionnelle entre les deux parties sunnite et chiite de la population. Bien sûr, son fils était chargé de le remplacer, par l’Occident et le roi théocratique saoudien mais « bon islamiste », car ami de l’Occident, pas comme Al Qaeda qu’il avait aidé à créer par ses finances et les combattants islamiques saoudiens et autres arabes.

2 - L’Afghanistan, l’Iran, l’Iraq et Al Qaeda.

Revenons un peu en arrière, car les guerres du Liban, ayant excité les passions religieuses furent uti­lisées pour créer une révolte islamique sunnite en Afghanistan, mais aussi pour renverser le Shah par une révolte islamique chiite dont le Shah accusa les Américains d’en être les promoteurs. Il y a un fait que Khomeiny revint à Téhéran sur un avion d’Air France, tandis que le Shah était traité en brebis galeuse par tous les pays occidentaux, ses anciens amis et alliés.

Bien sûr cet Etat chiite ne pouvait qu’être ennemi de l’Occident puisqu’ennemi d’Al Qaeda sunnite ; il battit les troupes américaines envoyées pour sauver leurs diplomates en utilisant le « mi­racle » du même « vent divin » que les Britanniques utilisèrent contre la Grande Armada, quelques siècles plus tôt. Etonnant comment l’Histoire se répète. On dirait que Dieu n’a pas beaucoup d’ima­gination.

Ce fut l’occasion de lancer l’Iraq arabe dirigé par un ancien homme de main sunnite de la CIA, Sad­dam Hussein, contre l’Iran chiite, ramenant le Moyen-Orient à ses haines entre Perses et Arabes, sunnites et chiites. La minorité chrétienne n’avait plus d’importance, sauf pour exciter par ses mal­heurs la rue occidentale, qui ne se rappelle de son christianisme, que par ses inimitiés ataviques avec un vieil islam conquérant puis colonisé.

Non seulement le Moyen-Orient fut divisé en confessions et races rivales, mais ce fut aussi le cas de la Méditerranée, alors que les communications ne pouvaient que faire du monde un grand Liban où tous les pays ne pouvaient plus qu’être, comme mon petit pays, des mosaïques d’ethnies et de reli­gions.

La mission du Liban était donc d’apporter au monde la manière de pouvoir vivre en paix et en com­munion entre ces différentes communautés et ce fut ce que Jean-Paul II a expliqué aux Libanais et au monde.

Serait-ce aussi pour cela que ce petit pays ne pouvait pas être laissé en paix, car son existence même contrecarrait les plans de la seule superpuissance mondiale qui s’était lancée dans la conquête de la planète ?

3 – Contradictions américaines.

Elles sautent aux yeux dans toute la politique américaine et même occidentale :

Les Américains ont eux-mêmes créé Al Qaeda et armé les Taliban, pourtant ils furent en guerre contre eux (le 11 septembre même est discuté, de même que la mort de Ben Laden pose plus de questions qu’elle n’en résout) et, aujourd’hui, ils semblent s’entendre avec les Islamistes un peu partout dans les pays arabes et discutent déjà de paix avec ceux d’Afghanistan. Leurs alliés sont les théocraties du Golfe, ils s’entendent très bien avec les Islamistes et Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) qu’ils ont installé en Libye, les partis islamiques qui gouvernent en Tunisie, au Maroc, en Egypte, en Turquie et même en Jordanie sont leurs alliés, tandis que les Turcs, l’Emir du Qatar, l’Arabie saoudite, les Haririens pro-Saoudiens du Liban et les combattants islamiques libyens sont tous alliés avec la France et les Etats-Unis, pour renverser le gouvernement laïc syrien. Les Chré­tiens du Liban et tous les Libanais ont été abasourdis par le genre de réception que le Patriarche li­banais a reçue en France, amie millénaire du Liban (notre tendre mère, disent les Maronites) et dont le résultat a été que le patriarche ne fut pas reçu par les dirigeants américains lors de sa visite aux Etats-Unis. Son péché mortel a été d’attirer leur attention que les remplaçants du gouvernement sy­rien pouvaient être des séditieux islamiques fanatiques, qui mettraient en danger la vie, les libertés et les droits de l’homme non seulement en Syrie mais au Liban : en un mot, le remède pouvait être pire que le mal.

Le Patriarche a sûrement dû donner les exemples de la Libye (qui a envoyé ses combattants isla­miques en Turquie pour y aider ce qu’on appelle le Conseil National Syrien) et de tous ces pays où les islamistes ont pris le pouvoir ; il a sûrement dû montrer combien les peuples de Syrie et du Li­ban craignent un retour de la Turquie, plusieurs fois génocidaire. Mais cela n’intéresse pas les Amé­ricains, car ils ont une politique « planétaire » et ne s’abaissent pas aux « détails » que sont les petits pays comme le Liban et la Syrie !

4 - La politique planétaire des Etats-Unis.

Quelles seraient les raisons de ce chaos incompréhensible au Moyen-Orient ? Pourquoi ces compor­tements incompréhensibles des acteurs du drame, notamment ceux des Etats-Unis d’Amérique, créateurs, financiers, promoteurs de l’extrémisme islamique, avec leurs coéquipiers et collabora­teurs obéissants que sont les Saoudiens, les Pakistanais, les Turcs et que deviennent aujourd’hui les extrémistes musulmans de tous les pays arabes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ?

On a beaucoup répété que les Etats-Unis sont manipulés par leurs corporations et leurs lobbies, le fameux complexe militaro-industriel qui aurait intérêt à ce que les guerres l’enrichissent par les ventes d’armes et de matériaux ainsi que les reconstructions des infrastructures détruites. On a aussi parlé du fait que Saddam Hussein avait fait le sacrilège de vouloir vendre son pétrole en euros et que l’Iran veut le vendre en d’autres monnaies que le dollar. On a aussi dit que l’Amérique voudrait faire passer par la Turquie le gaz et le pétrole acheté par l’Europe pour la détacher de la Russie. On a même cité Henri Kissinger sur internet disant que l’Amérique était en train de pousser la Russie et la Chine à l’attaquer pour qu’elle puisse les détruire et devenir ainsi le maître final de la planète. On a enfin dit que les Etats-Unis ont appris la leçon de leurs ancêtres britanniques qui cherchaient tou­jours à avoir continuellement des guerres sur le continent européen pour qu’aucune puissance ne puisse lui faire risquer de perdre sa maîtrise des mers. Les Américains feraient de même avec le continent eurasiatique pour garder, eux, leur statut de seule superpuissance mondiale, statut que la situation économique et financière mondiale, ainsi que leurs dépenses guerrières risquent de leur faire perdre.

Je retiendrai cette dernière possibilité. Seulement, je ne comprends pas le suivisme européen car l’Europe, fait partie du continent eurasiatique voue aux guerres intestines.

Malheureusement pour le monde, y compris l’Amérique, certaines des gaffes US risquent de mettre le feu à la planète.

5 - La troisième guerre mondiale.

Quoi de mieux, pour créer des guerres continuelles, que les guerres de religions ? Les Etats-Unis sont passés maîtres dans le lavage de cerveau de masse. Ils contrôlent les médias chez eux et en Eu­rope, tandis que leurs protégés des théocraties du Golfe contrôlent ceux du monde arabe avec quand même un peu plus d’exceptions, car les populations arabes se méfient de leurs dirigeants, surtout quand il s’allient avec les alliés d’Israël, qu’ils considèrent comme un agresseur et l’occupant d’une de leurs terres les plus sacrées ; c’est pour cela que l’on voit le Hamas, parti islamiste sunnite, allié avec le Hezbollah et l’Iran chiites, ainsi qu’avec le gouvernement laïc de Syrie.

C’est pour cela qu’en France, par exemple, on ne parle que du danger islamique, des massacres des chrétiens dans les pays musulmans ; les photos des massacres au Nigeria sont diffusées incessam­ment sur internet, tandis que dans les pays arabes sunnites on ne parle que du danger chiite, surtout iranien, et de la bombe nucléaire chiite perse. Les médias arabes en ont presque oublié la question palestinienne et Israël.

Pourtant, personne ne parle que le gouvernement Bush en s’attaquant à l’Iraq et en détruisant le plus grand ennemi arabe de l’Iran a agi en meilleur bienfaiteur de ce dernier pays. Les Américains se­raient-ils si idiots ?

De même, quand les Américains et les Européens ont fait l’embargo sur le pétrole iranien et sur la banque centrale de ce pays, ne savaient-ils pas qu’ils étaient en train de pousser l’Iran à les attaquer et à attaquer les pays arabes du Golfe, comme Roosevelt est dit avoir poussé le Japon à attaquer à Pearl Harbour ? Quant à la Chine, accepterait-elle vraiment de renoncer au pétrole iranien pour se rendre tributaire des alliés saoudiens des Américains ? Est-ce que vraiment les Américains pensent que les Iraniens et les Russes laisseraient les Turcs et les principautés islamiques du Golfe renverser le gouvernement syrien et couper l’Iran de la Méditerranée ? L’Europe et Israël ont-ils vraiment in­térêt à voir la Turquie sur le Golan, prête à reprendre son chemin vers son ancien empire de l’Est et du Sud de la Méditerranée ? Car, la Turquie voudra-t-elle se laisser stopper par la seule pierre d’achoppement restante qu’est Israël ?

Quant aux Russes, laisseront-ils leur ancien voisin ennemi reprendre pied en Syrie et en Iraq et pro­fiter du pétrole des pays du Golfe ou il remplacera rapidement les Américains ? Et l’Iran dans tout cela ? Laissera-t-il la Turquie reprendre les territoires dont elle l’avait chassé en 1515 ?

On voit ici que les Américains ont fait toutes les ”gaffes” possibles pour prévenir Russes, Chinois et Iraniens et les pousser à défendre la Syrie.

Les Russes, eux, furent encore plus terrorises par les actions ”agressives” US en Géorgie, puis les mensonges sur la Libye, puis l’installation de leurs défenses anti-missiles en Turquie, ennemie de la Russie dans le Caucase et danger dans les républiques musulmanes turcophones de Russie et enfin, « cerise sur le gâteau » leur appui aux manifestations anti-Poutine, comme si la Russie faisait partie du Printemps Arabe. La Russie a alors compris, si elle ne l’avait pas fait déjà, qu’après la Syrie ce serait son tour, peut-être en troisième position après la destruction de l’Iran. La plus grosse gaffe américaine fut qu’ils excitèrent trop d’ennemis en même temps.

C’est pour cela que la Russie posera son veto sur tout ce qui peut nuire à son allié, Assad, aux Na­tions-Unies, car il s’agit de sa propre survie.

C’est pour cela que la bataille en Syrie sera très dure et que nous pouvons dire que c’est les pre­miers combats d’avant-garde qui préparent à la troisième guerre mondiale et les ”alliés européens” des Etats-Unis feraient bien de se désengager. D’ailleurs, pour la France, la Russie est un allié sécu­laire qu’elle ferait bien de retrouver, car l’Amérique, elle, a une politique planétaire qui se fiche des « détails surtout alliés ».

Elle ferait bien de répéter après le cardinal Tauran : « Il est important que, dans un monde pluriel et précaire comme le nôtre, nos concitoyens puissent constater que le dialogue inter religieux est une richesse pour les sociétés humaines : des croyants qui, dans le respect de leurs différences, sont ca­pables de s'écouter, d'apprécier ce qu'il y a de bien et de beau chez l'autre sont des prophètes de l'es­pérance… Ils disent qu'il est possible de vivre ensemble parce que la personne humaine est beau­coup plus que ce qu'elle montre ou produit ! »


* auteur de "CRI des chrétiens d'Orient", Ed. Sigest, 2me édition 2011 (sous pseudonyme Jérémie Jonas)

Demande de promulgation immédiate de la loi BOYER


Demande de promulgation immédiate de la loi BOYER-KRIKORIAN

ADOPTEE DEFINITIVEMENT LE 23 JANVIER 2012




Madame, Monsieur,


Je vous ai communiqué par courriel séparé, la preuve*, si besoin était, de la partialité manifeste du Conseil constitutionnel et, partant, de son inaptitude à juger de la constitutionnalité de la loi n°2001-70 du 29 Janvier 2001 et, par voie de conséquence, de celle de la loi BOYER-KRIKORIAN votée le 23 Janvier 2012 qui ne peut recevoir application que par référence à la première.

Les membres du Haut Conseil ont, ainsi, méconnu, de façon flagrante, leur devoir d'impartialité et leur obligation de réserve qui résultent expressément de l'article 3 de l'ordonnance n°58-1067 du 07 Novembre 1958 Portant loi organique sur le Conseil constitutionnel, de même que des articles 1er et 2 du décret n°59-1292 du 13 Novembre 1959 Sur les obligations des membres du Conseil constitutionnel.

La garantie des droits (article 16 DDH) dont procèdent les textes susvisés, commande, conjuguée avec le principe de séparation des pouvoirs, que le Président de la République tienne pour nulle et non avenue la saisine du Conseil constitutionnel, compte tenu de la violation grave et évidente (qui saute aux yeux) de cette Haute juridiction.

Aucune procédure de récusation ou de suspicion légitime n'existant devant une autre juridiction supérieure, il appartient au Chef de l’État, désigné par l'article 5 de la Constitution comme étant l'arbitre du "fonctionnement régulier des pouvoirs publics" devant veiller "au respect de la Constitution", de tirer lui-même les conséquences d'une violation publique de la Constitution par ceux qui sont censés la garder - situation constatable par tout autre citoyen - et de remplir son obligation constitutionnelle de promulguer la loi définitivement adoptée (art. 10 de la Constitution), nonobstant cette saisine faite en fraude de la norme suprême.


Philippe KRIKORIAN,
Avocat au Barreau de Marseille


* Extrait du Procès Verbal de Constat de Selarl Remuzat &Associés
Huissiers de Justice Associés