UFAR entre joie et tristesse
Lundi, le 22 mars 2021, deux cérémonies ont été organisées à
l’Université française en Arménie (UFAR).
La première, à 13h30, était la remise officielle des bourses
attribuées par l’Institut Tchobanian et les éditions SIGEST.
Jean V. Sirapian, président fondateur de l’Institut
Tchobanian et le directeur des éditions Sigest, invité par le recteur Bertrand
Venard pour remettre les bourses aux étudiants, était présent.
Après une courte introduction par le professeur B. Venard,
Monsieur Sirapian a rapidement exposé les objectifs de l’Institut Tchobanian,
notamment la promotion de la francophonie en Arménie. Ensuite le recteur a lu
le message de SEM Henry Cuny, (co-fondateur de l’UFAR et président d’honneur de
l’Institut Tchobanian.
« Très chers étudiants de l’UFAR,
Je
suis très reconnaissant à l’Institut Tchobanian et aux éditions Sigest, en la
personne de leur Président, M. Sirapian, de vous remettre ces bourses qui vont
permettre à quatre jeunes de votre université de poursuivre un chemin
d’excellence.
Je voudrais m’arrêter un instant sur ce mot d’excellence
: vous savez qu’il est la marque de cette université, qu’il en caractérise à la
fois les enseignements, les règles, les diplômes, les étudiants, les résultats
obtenus. La première fois que je me suis adressé à vos déjà lointains
prédécesseurs au début de l’année 2002, ce fut pour leur assigner ce but :
l’excellence.
Dans mon esprit l’excellence allait bien au-delà des
bonnes notes, au-delà du diplôme. Elle était un mode d’aborder l’existence, de
s’imposer des règles, de cultiver autour de soi le respect, l’honnêteté,
l’équité, la déontologie en toute chose, pour que cette nation millénaire et ce
tout jeune État indépendant, l’Arménie, s’en imprègne. En rencontrant pour la
première fois vos aînés, en lisant dans leur regard leur envie de se dépasser
et de servir – leur famille, leurs proches, leur pays – j’ai souhaité que
l’Arménie leur ressemble. Aujourd’hui encore je souhaite que l’Arménie vous
ressemble et fasse sienne les valeurs que vous portez.
Aujourd’hui, l’Arménie est en deuil ; l’UFAR est en
deuil. À l’infini chagrin d’avoir perdu
nombre de vos camarades s’ajoute pour vous le sentiment que ces morts n’avaient
pas lieu d’être, qu’il y a toujours un chemin pour résoudre les différends.
Ayant été moi-même conseiller diplomatique de deux chefs d’État-Major des
Armées, je les ai toujours entendus dire qu’il n’y a jamais de solution
militaire à un conflit, qu’il faut toujours en arriver à une solution
politique. C’est cela aussi le chemin, aussi exigeant soit-il, de l’excellence.
Le problème c’est qu’il faut qu’elle soit au rendez-vous des deux côtés de la
frontière et cela dépend des dirigeants, de leur compréhension de l’intérêt des
peuples, de sa priorité sur leurs intérêts personnels. Il ne m’appartient pas
d’en juger. Mais permettez-moi d’espérer que vous pourrez contribuer, avec tous
vos talents, votre sérieux et votre courage au relèvement de votre pays ; et
peut-être à persuader ceux d’en face qui ont aussi votre âge et votre envie de
vivre qu’on ne construit rien sur la haine de l’autre.
À chacun d’entre vous, je souhaite adresser mes vœux les
plus ardents pour des jours plus heureux et pour une réussite qui soit aussi
celle de l’Arménie. »
Henry Cuny
Président d’honneur de l’Institut Tchobanian
Ensuite, le recteur, professeur B. Venard et Jean Sirapian,
ont accueilli les 24 étudiants pour leur remettre les certificats des bourses
dans une ambiance radieuse.
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La seconde cérémonie, à 17h30, s’est déroulée dans
une ambiance lourde. Elle était organisée à la mémoire de 10 étudiants morts lors
de la guerre de 44 jours en Artsakh, en septembre dernier. Fauchés en pleine jeunesse alors qu’un avenir brillant les attendait. Le recteur avait proposé à
J. Sirapian d’y participer aussi à cette seconde cérémonie.
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Le recteur Bertrand Venard rend hommage aux dix étudiants morts aux combats |
Prof. Bertrand Venard a trouvé les mots justes, émouvants, pour honorer
la mémoire des ces jeunes. « Ils se sont sacrifiés pour leur pays, donc
ils sont devenus sacrés » a-t-il dit. « Ils n’ont pas demandé quels
étaient leur droits (comme le font souvent les jeunes d’aujourd’hui, notamment en France) mais
simplement ils ont accompli leurs devoirs pour défendre leur pays ».
Après quelques mots des parents présents, dont l’un était
venu spécialement de Moscou, une minute de silence a été observée. Ensuite le
recteur a déposé une bougie devant l’un des martyres, suivi en cela par les étudiants, les enseignants, les parents ainsi que M. Sirapian au nom de l'Institut Tchobanian.
Bientôt les travaux de la terrasse de l’UFAR seront terminés et un espace sera dédié à ces jeunes avec leurs noms, dates de naissance et de décès.
S’adressant aux étudiants présents, l’un des parents a dit :
« Mon fils allait recevoir un diplôme rouge (attribué aux meilleurs élèves).
J’espère que vous ferez de votre mieux pour avoir les meilleurs résultats
possibles, selon vos capacités. Pour moi cela sera comme s’il avait reçu lui-même
ce diplôme. »
" Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie,
Ont droit qu'à leur tombeau la foule vienne et prie."
Alain Corvez
Jean Dorian
Erevan, 22/03/2021