le 7 juin 2012 -
à Monsieur François d’ORCIVAL
Président du Comité Editorial
VALEURS ACTUELLES
1, rue Lulli,
75002 Paris
Monsieur le Président,
Dans l’article
« Azerbaidjan : l’allié oriental » (no 3940 du 31 mai), je ne comprends
pas qu’un journaliste de la qualité de Frédéric Pons ait pu publier
certains passages relatifs à l’Arménie sans se référer en profondeur en
ce qui concerne le conflit de l’Azerbaidjan turc avec les Arméniens.
Très certainement abusé par ses hôtes qui ont profité du climat festif
de l’Eurovision, Frédéric Pons traduit tout simplement la rhétorique
habituelle de désinformation du pouvoir en place où suivant une
procédure bien huilée utilisée auprès de la presse occidentale,
l’agresseur devient la victime.
Bakou entretient une
guerre larvée avec l’Arménie et le Haut-Karabagh qui s’est libéré de sa
tutelle (rattaché arbitrairement avec le Nakhitchevan à l’Azerbaidjan
par les Bolchéviques dans leur politique pro musulmane des années 20,
deux régions historiquement arméniennes depuis la plus Haute-Antiquité).
Résultat en 90 ans d’administration azérie, plus aucun Arménien au
Nakhitchevan, taillé en plein cœur de l’Arménie, maintenant islamisé et
turquifié. A la chute de l’URSS, ne voulant pas subir l’exemple du
Nakhitchevan, les Arméniens du Haut-Karabagh ont chèrement acquis leur
indépendance pour sauver leur peau à un contre quinze, mais trop tard
pour le Karabagh des Plaines sous contrôle azéri qui a connu aussi le
triste sort du Nakhitchevan.
A la même période, 400 000
Arméniens, victimes de pogroms partout en Azerbaidjan quittaient ce pays
avec quelques maigres valises (Nuits de Cristal de Bakou, en janvier
1990, où pendant sept jours, excitée par le pouvoir, la populace avide
de meurtres, de pillages et de viols, investissait les habitations
arméniennes et aussi russes, sans que Gorbatchev ordonne à l’Armée Rouge
de sauver les Chrétiens). Des dizaines d’églises transformées en
mosquées ou en dépôts, granges... On reste médusé lorsque Frédéric Pons
affirme en fin d’article que « ce pays musulman est resté l’un des plus
tolérants de la planète ».
Enfin, pour effacer toute
trace d’un peuplement arménien trois fois millénaire, les Azéris ont
récemment brisé et jeté dans le fleuve Araxe les 10 000 pierres tombales
et les fameuses croix de pierre ciselées, un patrimoine de l’humanité
datant du Haut-Moyen Age du cimetière médiéval de Djoulfa. Pas un mot de
protestation de l’UNESCO... que finance l’Azerbaidjan. Pétrole quand
tu nous tiens.
C’est à l’honneur de
Valeurs Actuelles de rétablir la vérité auprès de ses lecteurs en
sachant que « les 20% du territoire azéri occupés par l’Arménie » ne
sont en réalité que d’anciennes provinces arméniennes, retournées à
leurs légitimes propriétaires. Faut-il condamner la France par
l’Allemagne et le Conseil de Sécurité de l’ONU d’avoir libéré l’Alsace
et la Lorraine ? Faut-il les rendre à l’Allemagne du fait qu’elle les
avait annexées contre l’avis de leurs populations durant une
cinquantaine d’années ?
Vous remerciant de votre
attention pour le Courrier des Lecteurs, je vous prie d’agréer Monsieur
le Président, l’expression de ma haute considération.
Armand MEKITARIAN
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