dimanche 22 juin 2014

Le Comité du 24 Avril



Il y a 20 ans naissait le Comité du 24 Avril


La création, à Paris, du Comité du 24 Avril marque un événement important dans l’histoire de la communauté arménienne de France.
Ce comité fut créé à la veille du 80e anniversaire du Génocide. Aujourd’hui, à la veille du centenaire du Génocide, les fondateurs du Comité du 24 Avril célèbrent le 20e anniversaire de sa fondation.


Un bref rappel historique :

Première étape, création de la COPA (Coordination de Organisations Politiques Arméniennes)

Les manifestations, lors de la commémoration du 24 Avril, sont désormais parfaitement organisées. On l’a oublié, et cela paraîtrait impensable aujourd’hui, mais jusqu’en 1992, il y avait deux défilés pour commémorer le 24 Avril à Paris. Ils prenaient des parcours différents, l’un avec à sa tête le parti Dachnak et ses sympathisants, l’autre par les autres organisations.  
En début de l’année 93, en pleine guerre du Karabagh, en tant que président du club Archag Tchobanian (ADL – Ramgavar), j’envoyais une lettre aux présidents des deux autres partis traditionnels (Dachnak et Hentchak) en les invitant à une rencontre en vue de créer ensemble une cellule permanente entre les trois partis, afin de coordonner nos actions (et manifestations). Je disais, entre autres, dans ma lettre que cela permettrait peut-être… de déboucher enfin sur un noyau représentatif et permanent de notre communauté...
Dès la deuxième réunion, le 20/03/1993, fut créée la COPA (Coordination de Organisations Politiques Arméniennes) et un communiqué fut envoyé aux médias. Les rencontres entre les trois partis furent fréquentes, régulières et cordiales. Des actions furent entreprises auprès des autorités en faveur de la cause arménienne. Parmi les actions importantes : l’organisation à Paris des rencontres (en juin 93 et janvier 94) avec les représentants du Parlement du Karabagh.
Décision fut aussi prise d’élargir cette cellule aux autres principales organisations.
           
Seconde étape, création du Comité du 24 Avril

En octobre 1994, en vue de préparer le 80e anniversaire du Génocide, l’archevêque Kude Nacachian invite les organisations arméniennes à une réunion et propose de former un groupe de travail. Un comité est créé autour d’un noyau dur composé de six volontaires (A. Bagdikian, M. Deirmendjian, J. Guréghian, J. Khatchikian, G. Sarian, D. Shirvanian) issus de différentes organisations et partis politiques traditionnels. C’est la naissance du Comité du 24 Avril, et je fus nommé président. V. Khatchérian remplace rapidement V. Der Sarkissian (aujourd’hui décédé) qui était parmi les premiers volontaires.
Ce Comité va progressivement regrouper en son sein (non sans mal et réticences) toutes les principales organisations arméniennes de France (partis politiques, églises, associations, etc.). Pour la première fois, une ONG (d’après ses statuts) devient un organe représentatif de l’ensemble de la communauté.
La commémoration du 24 avril 1995 (80e anniversaire du Génocide) sera sans précédent, avec écran géant sur la place des Droits de l’Homme (du Trocadéro). La ville de Paris fera, au Comité du 24 Avril, un don exceptionnel de 150.000 Frs pour la circonstance. De plus, pour la première fois, tous les médias sont présents. Après cette commémoration, qui fut un véritable tremplin, le « Comité du 24 Avril » va rapidement acquérir un prestige jusque là inégalé, aussi bien dans la communauté qu’auprès des autorités françaises.
L’un des objets du Comité du 24 Avril sera la reconnaissance, par la France, du Génocide de 1915. Un travail assidu et collectif aboutira au vote à l’unanimité de la reconnaissance du Génocide Arménien par l’Assemblée Nationale, le 29 mai 1998, qui restera un jour historique (la loi sera ratifiée le 29 janvier 2001). L’autre action importante du Comité sera d’ériger, dans le centre de Paris, un monument dédié aux victimes du Génocide et aux combattants arméniens morts pour la France. Ce projet, gelé depuis dix-neuf ans, sera débloqué grâce à la persévérance des membres du Comité et du maire de Paris, Jean Tibéri, qui répond favorablement dès février 1997 à ma première lettre. Le choix de la statue sera celle de Komitas qui allait symboliser le martyr du peuple arménien. La statue, œuvre de David Yerevantsi, sera érigée sur la place du Canada, face au Grand Palais.
D’autres actions importantes suivront et le Comité du 24 Avril prendra une telle importance, au sein de la communauté, qu’il éveillera de la convoitise pour sa présidence.
J’ai été le premier président du Comité du 24 Avril d’octobre 1994 à octobre 1998,
date à laquelle je ne me suis pas représenté. Le Comité du  24 Avril s’est transformé, le 21/10/2001, en CCAF (Conseil de Coordination des organisations Arméniennes de France), en perdant peut-être avec son nom hautement symbolique (même en gardant l’essentiel des statuts)… son esprit des débuts.
Il existe aussi une Commission d’Arbitrage, toujours en vigueur d’après les statuts. Elle est composée des membres fondateurs (permanents) du Comité du 24 Avril.
Aujourd’hui, le CCAF, héritier du Comité du 24 Avril, est sans conteste l’interlocuteur privilégié pour représenter la communauté arménienne de France auprès des autorités.

Jean V. Guréghian
 Le 14 juin 2014
(texte original)

Les membres fondateurs du Comité du 24 Avril réunis en 2004, pour fêter le dixième anniversaire de sa création. De gauche à droite (et… par ordre alphabétique!) A. Bagdikian, M. Deirmendjian, J. Guréghian, J. Khatchikian, G. Sarian, D. Shirvanian. Quelques mois après cette photo notre regretté Georges Sarian (à droite au milieu) décéda.

vendredi 6 juin 2014

MONTE MELKONIAN: A TALENTED SCHOLAR...


MONTE MELKONIAN: 
A TALENTED SCHOLAR AND DEFENDER OF KARABAKH’S SELF-DETERMINATION  
 


In assessing the grand victories of May, in particular, the victory won at the World War II and the liberation of Shushi, it is important not only to perceive the value of feat of arms of the Homeland’s defender, but also to represent him as a gifted person, a patriot and an intellectual. In the history of the Armenian people instances are not rare when a scholar or a man of art, at a fatal hour for his people, rose in arms to defend his Homeland, the spiritual values ​​and glorious traditions of the nation. Such examples were numerous, especially in the 20th century, and in particular - in the Artsakh liberation war. In this aspect, characteristic is the image of Monte Melkonian, the National Hero of the Republic of Armenia (RA). It is no mere chance, that Hayk Kotanjian - Advisor of the RA Minister of Defense, Head of the Institute for National Strategic Studies, MOD, RA, Doctor of Political Science, visiting Levon Shant Secondary School N 4 in Yerevan - where within the anniversary of the liberation of Shushi an event devoted to the memory of Monte Melkonian was organized by schoolchildren of 5-6 classes - presented them with a bibliographically unique edition of Monte Melkonian’s Master’s Thesis titled "Urartian Rock-Cut Tombs. Description and Analysis". The General’s gift embraced a special meaning, as it was intended to introduce Monte Melkonian to the public anew.

In 1995, when after the armistice the Republic of Armenia within its limited capacities started to build the Armed Forces and consolidate the Army, when, due to cyclic power cutoffs, poor transport, and food shortage the activities of the majority of enterprises and institutions, primarily academic and educational establishments, were put on hold, Monte Melkonian’s widow Seda and Dr. Aram Kalantaryan, the Director of the Institute of Archaeology and Ethnography, National Academy of Sciences (NAS), RA, turned to Dr. Hayk Kotanjian with a request to publish the Master’s thesis of the national hero having bravely fallen on the battlefield. Under the high patronage of the then Minister of Defense, National Hero of Armenia Vazgen Sargsyan and with the assistance of his Deputies Vahan Shirkhanyan and Hmayak Aroyan, it was decided to immediately publish this valuable research, which Monte Melkonian had defended for Master’s Degree in “Archaeology and History of Asia” at the prestigious University of Berkeley, US, in 1978. Before that, Monte had graduated the four-year Bachelor’s program in 2.5 years. He mastered seven languages.

Introducing his research work to the public was of great importance as it represented Monte Melkonian, the former fighter of the Armenian Secret Army for the Liberation of Armenia (ASALA), who rose to defend Nagorno-Karabakh - self-determined in compliance with the legislation then in force - in a new way, as a talented researcher from the US and a young Armenian, who, abandoning a brilliant career of a scholar abroad (he had been enrolled in Postgraduate studies at the Oxford University, but quit it), came to selflessly and entirely devote himself to the noble cause of defending the Armenians of Artsakh. Moreover, the publication of the freedom-fighter’s research through depicting his true image neutralized the enemy’s deliberate attempts to denigrate Monte Melkonian.

So as to organize a decent publication of the freedom-fighter’s research paper an editorial team was created under Dr. Hayk Kotanjian’s supervision, which was to work on the translation text minutely and with interest, and issued it meeting the academic criteria and requirements. The editorial team comprised of the academic partners from the Institute of Archaeology and Ethnography, NAS, RA - PhDs in History Rusan Mkrtchyan, Simon Hmayakyan, Ashot Piliposyan, Pavel Avetisyan; highly skilled specialists of the defense-academic journal MOD, RA “Haykakan Banak” (“Armenian Defense”) - Doctor of History, Professor Boris Balayan, PhD in Philosophy, Associate Professor Vladimir Baghdasaryan,  Executive Editor Davit Chilingaryan, Art and Technical Editor Razmik Gevorgyan, Graphic Designer Sergey Narazyan,  as well as a group of professional officers on computer software support from the Computing Center of the MOD, RA, under the guidance of Chief Specialist Samvel Atoyan.

The selfless efforts by the team did yield the desired result: the product of Monte Melkonian’s scientific thinking turned into an academic publication, which was the continuation of the series of the “Archaeological Monuments of Armenia” by the Institute of Archaeology and Ethnography, NAS, RA, interrupted due to lack of required resources. It was the defense-academic journal “Haykakan Banak”, MOD, RA, to be the publisher. At the request of Monte’s widow the publication was sent to the Universities of Sorbonne, Berkeley and to other academic educational centers of the world.

It should be highlighted that Monte Melkonian was, as a matter of fact, born for science. Arriving in Armenia he showed a great interest in the academic centers of Armenia, including the Institute of Oriental Studies of the National Academy of Sciences of Armenia. He used to attend that Institute throughout a month, communicate with the members of the Institute, and take part in academic discussions. He was very happy to find out that there was a Department of Arabic Studies at the Institute. At that time I was not only the Deputy Director of the Institute, but also the Head of the above-mentioned Department. We often used to have talks on the important role the Arabs had played in saving the Armenians deported in the course of the Armenian Genocide in the Ottoman Empire. He underlined that if it weren’t for the Arabs and their support, the contemporary Armenian Diaspora would never survive. He even wanted to draft a perspective plan on developing the Arabic studies. But he didn’t manage to. The Karabakh war broke out, and Monte changed his pen with the sword.

Later on, one of his friends, Dean of the Department of Oriental Studies of Yerevan State University Dr. Gurgen Melikyan, one day phoned me. There was such a deep grief in his voice that we were all stunned. He said: “Monte is gone…” For his merits to the Republic of Nagorno-Karabakh Monte Melkonian was awarded the highest title of the “Hero of Artsakh” and the order of “Golden Eagle”. In 1996 he was posthumously awarded the highest honorary title of the “National Hero of the Republic of Armenia”.

But the memory of him is alive. So now, Monte Melkonian, the National Hero of the Republic of Armenia, the Hero of Artsakh appears before the grateful descendents not only in the image of a true knight of his Homeland, but also as a talented scholar, who sacrificed his career and life for the sake of the freedom of his Homeland and for the independence and development of its people.


Nikolay Hovhannisyan
Doctor of History, Professor
Corresponding Member of the NAS, Armenia
Honored Scientist