Il
y a 20 ans naissait le Comité du 24 Avril
La création, à Paris, du Comité du 24 Avril marque un événement important
dans l’histoire de la communauté arménienne de France.
Ce comité fut créé à la veille du 80e anniversaire du
Génocide. Aujourd’hui, à la veille du centenaire du Génocide, les fondateurs du
Comité du 24 Avril célèbrent le 20e anniversaire de sa fondation.
Un bref rappel historique :
Première étape, création de la COPA (Coordination de
Organisations Politiques Arméniennes)
Les
manifestations, lors de la commémoration du 24 Avril, sont désormais
parfaitement organisées. On l’a oublié, et cela paraîtrait impensable
aujourd’hui, mais jusqu’en 1992, il y avait deux défilés pour commémorer le 24
Avril à Paris. Ils prenaient des parcours différents, l’un avec à sa tête le
parti Dachnak et ses sympathisants, l’autre par les autres organisations.
En début de l’année 93, en pleine guerre du Karabagh,
en tant que président du club Archag Tchobanian (ADL – Ramgavar), j’envoyais une
lettre aux présidents des deux autres partis traditionnels (Dachnak et
Hentchak) en les invitant à une rencontre en vue de créer ensemble une cellule
permanente entre les trois partis, afin de coordonner nos actions (et
manifestations). Je disais, entre autres, dans ma lettre que cela permettrait
peut-être… de déboucher enfin sur un noyau représentatif et permanent de
notre communauté...
Dès la deuxième réunion, le 20/03/1993, fut créée la COPA (Coordination
de Organisations Politiques Arméniennes) et un communiqué fut envoyé aux
médias. Les rencontres entre les trois partis furent fréquentes,
régulières et cordiales. Des actions furent entreprises auprès des autorités en
faveur de la cause arménienne. Parmi les actions importantes :
l’organisation à Paris des rencontres (en juin 93 et janvier 94) avec les
représentants du Parlement du Karabagh.
Décision fut aussi prise d’élargir cette cellule aux
autres principales organisations.
Seconde étape,
création du Comité du 24 Avril
En octobre 1994, en vue de
préparer le 80e anniversaire du Génocide, l’archevêque Kude
Nacachian invite les organisations arméniennes à une réunion et propose de
former un groupe de travail. Un comité est créé autour d’un noyau dur composé
de six volontaires (A.
Bagdikian, M. Deirmendjian, J. Guréghian, J. Khatchikian, G. Sarian, D.
Shirvanian) issus de différentes organisations et partis politiques
traditionnels. C’est la naissance du Comité
du 24 Avril, et je fus nommé président. V. Khatchérian remplace rapidement
V. Der Sarkissian (aujourd’hui décédé) qui était parmi les premiers
volontaires.
Ce Comité va progressivement regrouper en son sein
(non sans mal et réticences) toutes les principales organisations arméniennes
de France (partis politiques, églises, associations, etc.). Pour la première
fois, une ONG (d’après ses statuts) devient un organe représentatif de
l’ensemble de la communauté.
La commémoration du 24 avril 1995 (80e
anniversaire du Génocide) sera sans précédent, avec écran géant sur la place
des Droits de l’Homme (du Trocadéro). La ville de Paris fera, au Comité du 24
Avril, un don exceptionnel de 150.000 Frs pour la circonstance. De plus, pour
la première fois, tous les médias sont présents. Après cette commémoration, qui
fut un véritable tremplin, le « Comité du 24 Avril » va rapidement acquérir
un prestige jusque là inégalé, aussi bien dans la communauté qu’auprès des
autorités françaises.
L’un des objets du Comité du 24 Avril sera la
reconnaissance, par la France, du Génocide de 1915. Un travail assidu et
collectif aboutira au vote à l’unanimité de la reconnaissance du Génocide Arménien par l’Assemblée
Nationale, le 29 mai 1998, qui restera un jour historique (la loi sera ratifiée
le 29 janvier 2001). L’autre action importante du Comité sera d’ériger, dans le
centre de Paris, un monument dédié aux victimes du Génocide et aux combattants
arméniens morts pour la France. Ce projet, gelé depuis dix-neuf ans, sera
débloqué grâce à la persévérance des membres du Comité et du maire de Paris,
Jean Tibéri, qui répond favorablement dès février 1997 à ma première lettre. Le
choix de la statue sera celle de Komitas qui allait symboliser le martyr du
peuple arménien. La statue, œuvre de David Yerevantsi, sera érigée sur la place
du Canada, face au Grand Palais.
D’autres actions importantes suivront et le Comité du 24
Avril prendra une telle importance, au sein de la communauté, qu’il éveillera
de la convoitise pour sa présidence.
J’ai
été le premier président du Comité du 24 Avril d’octobre 1994 à octobre 1998,
date à laquelle je ne me suis pas représenté. Le Comité du 24 Avril s’est transformé, le 21/10/2001, en
CCAF (Conseil de Coordination des organisations Arméniennes de France), en
perdant peut-être avec son nom hautement symbolique (même en gardant
l’essentiel des statuts)… son esprit des débuts.
Il
existe aussi une Commission d’Arbitrage, toujours en vigueur d’après les
statuts. Elle est composée des membres fondateurs (permanents) du Comité du 24
Avril.
Aujourd’hui, le CCAF, héritier du Comité du 24 Avril,
est sans conteste l’interlocuteur privilégié pour représenter la communauté
arménienne de France auprès des autorités.
Jean V. Guréghian
Le 14 juin 2014
(texte original)